Equinoxe

Vendredi 27 mars 2009. Équinoxe de printemps comme les jours précédents. La nuit égale le jour, du moins si l’on suit l’étymologie du mot. Cela n’affecte en rien les routines de tous ceux dont la crise ne réduit pas l’activité comme peau de chagrin.
Il est vrai que dimanche on nous volera une heure de sommeil. Tant mieux pour les lève-tôt !
J’ai toujours admiré le profond souci de justice qui régit les mouvements stellaires. Ainsi, entre les excès de l’été et les rigueurs de l’hiver, les équinoxes établissent la juste mesure en mettant dos à dos les noctambules et les fidèles de Phébus. L’équinoxe de printemps se célèbre d’ailleurs sous le signe du poisson. Ce fameux poisson lui-même symbole d’équité jadis, en cette période médiévale pourtant qualifiée d’obscurantiste. Si tous ne pouvaient pas manger du gibier, les armes étant interdites aux serfs, tous pouvaient – et le devaient même certains jours – manger du poisson puisqu’une branche prolongée d’un fil et d’un clou peut faire office de canne à pêche. Cette justice ecclésiastique n’était certes pas distributive mais elle avait le mérite de ramener les nobles et les grands du royaume à plus de modestie…
Aujourd’hui, manger du poisson est devenu un luxe. Il reste les œufs, mais la plupart des poules picorent de telles cochonneries qu’en période pascale mieux vaut se contenter de quelques œufs en chocolat. Les enfants le savent bien, et s’ils risquent la crise de foie, cela n’entame en rien leur espérance. Que c’est beau d’être jeune !
Équinoxe : juste mesure. Que ceux qui se gavent impunément de stock-options pendant que les autres regardent passer les plats veuillent bien ne pas offenser les ides de mars si propices aux semailles, aux bourgeons, à l’élan de la sève, à cette vie renouvelée à portée de chacun ! Sous nos climats tempérés, la douceur de l’équinoxe devrait toujours conduire à la décence.