Si peu si fort
SI PEU SI FORT
La nuit si peu si fort
Les mailles de ton corps
Me corsètent les yeux
D’un rêve sans aveu
D’un rêve merveilleux
La nuit comme en plein jour
Je rêve d’un amour
Que je pourrais te dire
Sans risque de mentir
La nuit sans un tourment
Ressuscite l’amant
Couronné tant de fois
Du sang de son émoi.
Sa couronne d’épines
En fait soudain le roi
D’un étrange charroi
Qui toujours l’illumine
La nuit paradoxale
Où s’exhume l’escale
De mon rêve avorté
Dans chaque cécité
La nuit tu viens présence
Revivre l’innocence
D’un jeu sans interdit
Plus libre qu’aux midis
La nuit qui nous sépare
Nous peuple de ses phares
Nous comble de ses rets
Orfèvre des secrets
La nuit si bleue si forte
Qui tant me réconforte
Bercé par mon désir
Je rêve de saphirs
D’un joyau sans écrin
Dans le creux de l’airain
Qui dissèque mon cœur
En égales langueurs
La nuit surgit l’esquisse
Que dessine le Kriss
Serpent qui transfigure
Les ardentes tortures
Où le jour se répriment
Du mensonge victimes
Familiers des abîmes
Les échos de mes rimes
La nuit la clé se tord
Mais s’ouvre le décor
Evanescent miroir
Où tremble mon espoir
La nuit c’est plus facile
De dessiner l’idylle
Les mailles de ton corps
Sont des paillettes d’or
Qui m’habillent de joie
Et m’indiquent la voie
Des gestes qui enchantent
Des fleurs les plus tentantes
De l’instant qui viendra
Où le lien de nos bras
Si peu si fort
Murmurera : « Encor ».