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Jean-Pierre Bocquet
23 juillet 2011

Feuilletons de l'été

 

Samedi 23 juillet 2011. L’été sera chaud, l’été sera chaud… aujourd’hui peut-être, ou alors demain. Voilà une scie serinée depuis des mois, une prédiction plus qu’une prévision, une contre-vérité démentie par les faits et de moins en moins soutenable. Mais comme les hommes sont excessifs en tout dès qu’ils le peuvent, juillet 2011 n’a pas échappé à la canicule des commentaires.

Parce que, en ce mois où le soleil et la terre pratiquent la même position de leur kamasutra hiérogamique depuis que le monde est monde, notre petit Hexagone exige, lui, qu’on le fasse jouir à coups de feuilletons médiatiques.

On a donc commencé par lui servir les sempiternelles salades du tour de France avec ses chutes et ses destins brisés, ses exploits supposés et sa légende dorée. Quelques coureurs norvégiens s’y sont même distingués mais l’anonymat les plombe déjà, à moins qu’ils ne se soient dopés et passent ainsi à la lessive d’après-Tour. Dans le même temps, à Oslo, un fanatique abat méthodiquement des dizaines d’êtres humains qui ne partagent pas ses idées. Enfin ; pour l’instant il n’est que suspecté et cette barbarie a d’abord été classée « dans le reste de l’actualité », bien après la relation de l’étape du jour. No comment !

On lui sert aussi le feuilleton DSK, à la sauce américaine et manichéenne, dans un étrange best off et fondu enchaîné de Dallas et Casanova, libérant les délires et les excès passionnels de la fameuse pensée réactive que stigmatisait à juste titre Nietzsche. Chacun se dédouane ainsi de ses turpitudes ordinaires dans une sorte de catharsis collective… tout en restant excessif dès qu’il le peut, tout comme à Roubaix où quelques apprentis-représentants de la loi ont soûlé et violé l’une de leurs condisciples, histoire de pouvoir infailliblement accuser les coupables de ce genre de crime quand ils auront eux-mêmes à en décider.

L’été sera pire que chaud. L’été sera monstrueux. Est monstrueux ce qui se montre ou que l’on montre pour susciter l’admiration ou la crainte. L’été a donc nécessairement ses monstres et ses merveilles, voire ses prodiges factices et orchestrés pour divertir le bon peuple et le berner de sornettes pendant qu’une lutte sans merci se déroule ailleurs et à son insu pour la maîtrise du marigot.

Que les financiers qui tirent les ficelles puissent ainsi précipiter des peuples dans la pauvreté, anéantir les économies locales çà et là, délocaliser au double mépris des uns et des autres, ce n’est pas la grossesse de Carla ni l’œil de Bison Futé qui y changeront quoi que ce soit.

Le Nouvel Observateur de cette semaine titre «  de César à DSK, sexe, pouvoir et scandales ». Il faut bien  -vacances obligent- que ses lecteurs puissent se régaler de plats salaces. César ? L’imperator sanglant ? Un monstre en quelque sorte. Quand on a le pouvoir, ne pas se laisser « imprégner », ne pas devenir un César, tel était le souci constant de Marc Aurèle. Qu’on me permette cette métaphore filée un peu osée : tenter de baiser quelqu’un sans son aval, c’est être un monstre ; réussir à baiser tout le monde dans l’assentiment général, c’est devenir chef d’État. À ceux qui nous gouvernent, puisqu’il en faut, de ne jamais oublier la leçon de Marc Aurèle, de savoir conserver cette distance intérieure vis-à-vis de leur pouvoir, de respecter les autres hommes et de ne jamais les traiter avec morgue ni mépris…

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